La stimulation cognitive, l’exercice physique et une alimentation équilibrée sont généralement préconisés pour prévenir l’apparition de la démence chez les personnes âgées. Cependant, les facteurs psychologiques et émotionnels tels que la dépression, le stress et l’anxiété ne sont souvent pas pris en compte dans ces recommandations. Pourtant, une étude menée par des chercheurs de l’Inserm, dont les résultats seront publiés dans la revue JAMA Neurology, suggère qu’une pratique mentale visant à réguler le stress et l’attention, comme la méditation en pleine conscience, pourrait être bénéfique pour gérer les aspects cognitifs et émotionnels liés au vieillissement.

Selon cette étude, la méditation agirait sur deux régions du cerveau, l’insula et le cortex singulaire, qui jouent un rôle clé dans la conscience de soi, la régulation de l’attention, des émotions et de l’empathie lorsqu’elles sont connectées. Ces deux régions sont également très sensibles au vieillissement et peuvent être affectées par des problèmes tels que l’anxiété ou les troubles du sommeil. Il a été observé que chez les personnes âgées qui pratiquent assidûment la méditation, le volume de matière grise est plus important que chez celles qui n’en font pas.

Pour tester l’efficacité de la méditation en tant que moyen de prévenir la démence chez les personnes âgées, les chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Caen ont suivi des patients de plus de 65 ans, sans pathologie connue, pendant 18 mois. Pour évaluer l’impact sur le volume et la perfusion cellulaire – un processus qui fournit à un organe les nutriments et l’oxygène nécessaires à son métabolisme – dans ces deux régions cérébrales, ils ont divisé les participants en trois groupes : un groupe devait pratiquer 20 minutes de méditation par jour, un autre groupe devait suivre des cours d’anglais, et le dernier groupe ne devait apporter aucun changement à son mode de vie habituel.

Préservation des capacités émotionnelles

Après 18 mois, aucun changement significatif dans le volume des zones du cerveau n’a été observé. Cependant, un suivi plus long (sur quatre ans) a révélé des différences notables entre les groupes, en particulier en ce qui concerne la régulation de l’attention et des capacités socio-émotionnelles. Gaël Chételat, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice de l’étude, explique que l’absence de différence anatomique entre les groupes pourrait suggérer que, bien que la méditation puisse modifier le volume des cerveaux plus jeunes et plus malléables, 18 mois de pratique ne sont pas suffisants pour contrer les effets du vieillissement. Cependant, elle note que les résultats concernant la perfusion cellulaire montrent une tendance favorable à la méditation, qui pourrait être intéressante à explorer sur une période plus longue ou avec un échantillon de population plus large.

Antoine Lutz, responsable du volet Méditation de l’étude, ajoute que « la pratique de la méditation montre ici son réel bénéfice sur la santé mentale des personnes âgées, avec une amélioration significative des paramètres liés à l’épanouissement, mais aussi au maintien des capacités attentionnelles et socio-émotionnelles rapportées par les participants ».

Source :

Communiqué de presse : « Prévention des démences chez les seniors : la méditation toujours à l’étude », Inserm, 7 octobre 2022.