Cotation des actes d’ostéopathie : nécessaire ou superflu ?

Faut-il coter les actes d'ostéopathie ?

La profession de masseur-kinésithérapeute est depuis longtemps encadrée par une nomenclature codifiée (AMK, NGAP) pour la cotation de ses actes, contrairement à l’ostéopathie en France qui évolue dans un flou administratif partiel. En effet, il n’existe aucun code, barème ou nomenclature pour baliser la pratique ostéopathique, bien que celle-ci soit reconnue par la loi depuis 2002. Cette situation soulève une question de plus en plus importante : faut-il coter les actes d’ostéopathie ?

### Un contexte différent de celui des kinésithérapeutes

La kinésithérapie bénéficie d’une nomenclature AMK (Aide à la Mobilité et aux Kinésithérapeutes) et de la NGAP (Nomenclature Générale des Actes Professionnels) qui permet une cotation des actes en kinésithérapie tels que la rééducation, le bilan, les techniques respiratoires, le travail neuromusculaire, etc. Chaque acte possède un code, une valeur et une éventuelle majoration, facilitant ainsi le remboursement par l’Assurance Maladie, la standardisation des pratiques, la communication interprofessionnelle et la reconnaissance médicale des actes effectués. En revanche, l’ostéopathie ne dispose pas d’un tel système, chaque praticien fixant librement ses honoraires et travaillant en dehors du champ de remboursement de la Sécurité Sociale.

### Les avantages d’une cotation

1. Renforcer la reconnaissance institutionnelle
Une intégration de l’ostéopathie dans une nomenclature standardisée permettrait d’établir un langage commun avec les autres professions de santé, contribuant ainsi à une meilleure reconnaissance de la discipline par les institutions publiques.

2. Progresser vers une ostéopathie fondée sur les preuves
Une nomenclature inciterait les ostéopathes à définir précisément leurs actes, objectifs et résultats attendus, favorisant ainsi la recherche clinique et l’évaluation de l’efficacité des techniques.

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3. Faciliter les remboursements mutuelle
Une cotation des actes permettrait aux mutuelles de mettre en place des remboursements différenciés selon la nature des soins, améliorant la lisibilité pour les patients.

4. Proposer des actes sur prescription
La cotation pourrait ouvrir la voie à une ostéopathie sur prescription médicale dans certains contextes spécifiques, similaire à ce qui se pratique déjà pour les kinésithérapeutes.

### Les risques d’une cotation

1. Perte d’autonomie
Une codification rigide des actes pourrait entraîner une perte d’autonomie pour les ostéopathes, uniformisant les soins et limitant l’approche globale et adaptative de la profession.

2. Bureaucratisation de la pratique
La mise en place d’une nomenclature impliquerait une charge administrative accrue, éloignant potentiellement les praticiens de leur cœur de métier.

3. Difficulté à définir des actes standards
L’ostéopathie repose sur une analyse individualisée de chaque patient, rendant complexe la création de catégories d’actes précis comme le fait l’AMK pour les kinésithérapeutes.

### Quelles alternatives ?

→ Une nomenclature souple ?
Une nomenclature propre à l’ostéopathie, construite par la profession elle-même avec l’aide de chercheurs, pourrait reposer sur des actes types sans figer les approches.

→ Une cotation volontaire, non imposée ?
Proposer un système de cotation facultatif utilisable par les ostéopathes souhaitant communiquer plus précisément avec d’autres professionnels de santé ou assureurs.

→ Intégration progressive dans les parcours de soins ?
Plutôt qu’une intégration massive à la NGAP, une stratégie d’étapes pourrait être envisagée, allant de la sensibilisation des ostéopathes à la logique de traçabilité et de preuve, à la réalisation d’études cliniques sur des actes standardisés, en passant par le dialogue avec les institutions de santé.

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### Conclusion

La question de la cotation des actes d’ostéopathie soulève un enjeu majeur pour la professionnalisation et la structuration de l’ostéopathie en France. Si une nomenclature standardisée peut apporter une meilleure reconnaissance et communication avec d’autres professions, elle comporte également le risque d’uniformiser une pratique historiquement holistique et adaptative. Il est important d’ouvrir le débat, d’imaginer des alternatives et de favoriser l’émergence d’une ostéopathie plus lisible, démontrable et connectée à son environnement médico-social. Et si la cotation était une opportunité plutôt qu’une contrainte ?

alain-barru
Marion Berge

Auteur

Diplômée d'une école reconnue d'ostéopathie, Marion Berge est une praticienne chevronnée qui allie une connaissance approfondie de la médecine ostéopathique à une passion inébranlable pour le bien-être de ses patients. Avec plusieurs années d'expérience, Marion a développé une approche holistique de l'ostéopathie, s'intéressant non seulement aux symptômes physiques mais aussi aux facteurs émotionnels et environnementaux qui peuvent affecter la santé globale.

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